Lieu de fabrication.
Quand on a commencé le projet en 2015, il était hors de question de faire fabriquer en Asie. Ce n’était même pas une option. On pensait pouvoir trouver encore des fabricants de sacs en France, ou à la rigueur en Europe. Et c’était le cas ! On avait réussi à convaincre un des tout derniers spécimens d’atelier de confection de « produits techniques » en France. Et en plus il était juste à côté du bureau. Un signe ! C’est donc avec ce fabricant annécien (L’atelier MKM qui possède aussi la marque Cilao) qu’on a développé notre premier sac (trois séries de prototypes) et lancé la première production « Made in Europe ». Un grand moment. On était en 2016. On avait acheté tous les matériaux en France, Italie, Belgique ou Portugal. Tout a été découpé à Annecy, mais assemblé en Slovaquie (dans son autre atelier) car on ne pouvait déjà pas payer la main d’œuvre française (première déception).
On n’est pas en train de dire qu’on ne peut plus fabriquer en France ! Mais comme la main d’œuvre est très élevée, soit on fait fabriquer des choses simples qui demandent peu de temps de montage (T-shirt, jeans, chaussures, slips…), soit on revend très cher pour couvrir les coûts de production et de matériaux élevés (comme le luxe). Mais qui veut acheter un sac à dos MeroMero à 400€ ? Même pas nous… alors après avoir failli couler la boite (pas assez de marge, un prix de vente trop élevé, un positionnement trop avant-gardiste hi hi hi…), on a donc pris la lourde décision d’essayer de produire au Vietnam. Ce pays lointain, terre natale de ma tante (un autre signe ?) et spécialistes des produits outdoor techniques. Si vous voulez en savoir plus et comprendre notre décision, on avait écrit un article sur le blog « Made in… Vietnam ».
De vrais partenaires.
On travaille donc depuis 2018 avec un partenaire japonais installé au Vietnam, dans une toute nouvelle usine dirigée par un Coréen. Vous nous suivez ? Et malgré la distance, le décalage horaire et le mélange des langues et des cultures, c’est un vrai plaisir de travailler avec eux. Ils nous apportent leur savoir-faire et leur gentillesse, et en échange, on les challenge sur une production plus responsable. Installés à Ho Chi Minh depuis plus de 20 ans dans deux ateliers assez vétustes, ils viennent de faire construire une superbe usine un peu plus au nord, dans la province de Tay Ninh à 1h30 de Saïgon (l’autre nom d’Ho Chi Minh). On s’y rend une fois par an (sauf en 2020 et 2021 à cause du Covid) pour passer un peu de temps avec eux, développer des nouveaux produits, lancer ou suivre une production, rencontrer des fournisseurs et manger les spécialités locales. C’est vraiment important pour nous d’entretenir une relation solide et durable avec nos partenaires. On est aussi en contact presque quotidien pour développer de nouveaux produits ou gérer la production. Spécialisés en coutures techniques, ils fabriquent des voiles et des sellettes de parapente, des baudriers d’escalade, du mobilier de camping et des sacs à dos pour les plus grandes marques de l’outdoor.
De la transparence.
Quand on s’est rendus sur place la première fois, on s’attendait au pire. Avec tout ce qu’on entend sur les conditions de travail en Asie… Mais c’était justement le but de la visite : se rendre compte par nous-même et voir si les conditions de production nous semblaient convenables. Et on n’a pas été déçus ! Déjà, on a été reçues comme des princesses (oui, je suis partie la première fois avec Aurore des sacs à dos PRISM qui travaillait déjà avec eux). On a ensuite eu l’honneur d’être conviées à la « groundbreaking ceremony » qui célébrait le premier jour de construction de la nouvelle usine. Leurs anciens ateliers étaient effectivement assez vétustes et il faisait une chaleur étouffante (c’était le début de la mousson). Mais l’ambiance était vraiment agréable, même « décontractée ». Par contre, en période de bourre (souvent imposée par les clients et les “peak seasons”) les employés font pas mal d’heures. En moyenne 8h par jour du lundi au samedi avec une pause déjeuner d’une heure (payée et servie par l’employeur) avec sieste dans des hamacs mis à disposition aussi pour les employés. Ils ont des petites pauses de 5 min chrono toutes les heures (pour discuter, se dégourdir les jambes, aller au WC ou regarder leur portable). Ils peuvent faire des heures supp de 17h à 20h en cas de périodes chargées ou pour finir une production dans les temps.
Même si on n’a pas trouvé d’enfants (on a vraiment cherché partout ;-), les travailleurs sont relativement jeunes, autour de 25/30 ans. Ce qui n’est pas étonnant quand on sait que l’âge médian au Vietnam est de 27 ans pour les hommes et 29 pour les femmes (contre plus de 40 ans en France). Autre bonne surprise, lors de notre dernière visite en 2019, l’âge minimum était de 21 ans alors que le pays autorise à travailler à partir de 18 ans. Pour info, au Vietnam, le taux de scolarisation des enfants est de prêt de 90%.
Notre fabricant est maintenant installé dans sa toute nouvelle usine ultra moderne et très agréable : éclairage, ventilation, espace de travail, cantine, hamacs pour la sieste… Il y a une “dormitory” pour accueillir les clients (nous) ou loger les managers qui vivent souvent à Ho Chi Minh. Petit détail qui nous a scotchées : les travailleurs pointaient avec des lecteurs d’empreintes digitales !
On n’a pas les moyens de payer des audits indépendants, mais en nous rendant sur place régulièrement, on peut vous assurer que les sacs MeroMero sont fabriqués dans de bonnes conditions. Forcément il y a des choses à améliorer, et ils ne sont pas parfaits, mais ils ont vraiment l’envie d’évoluer, avec leurs clients, vers des solutions plus écoresponsables tout en respectant leurs employés. Pour le moment, ils sont déjà certifiés ISO 9001 (qualité) et aimeraient aussi passer l’ISO 14001 (environnement). Ils viennent aussi d’obtenir la certification WRAP (World Responsible Accredited Production). Cet audit, réalisé chaque année, est le plus vaste programme de certification environnementale, professionnelle et éthique à travers le monde. Il s’applique aux usines de vêtements, chaussures, sacs à dos et autres produits « cousus » à la main. Le programme certifie la conformité aux 12 principes WRAP, à savoir : la conformité aux lois et réglementations sur le lieu de travail, l’interdiction du travail forcé, l’interdiction du travail des enfants, l’interdiction du harcèlement ou des abus, la rémunération et avantages, les horaires de travail, la liberté d’association et de négociation collective, la santé, l’interdiction de la discrimination, l’environnement, la conformité douanière et enfin la sécurité.
En tout cas, on pourra être fiers de nos petites marques françaises et européennes, écolos et super exigeantes, qui auront permis, à leur niveau, d’essayer de créer un business plus responsable.